Les stratégies pédagogiques
Comme la bande dessinée, la pédagogie a aussi ses règles et ses techniques. On peut dire que dans « Les Secrets de la BD », j’utilise les règles de la pédagogie pour expliquer les règles de la bande dessinée.
La maïeutique de Socrate
Les vieilles idées, un peu mises de côté, se révèlent parfois les meilleures. L’art de faire accoucher les connaissances ou « maïeutique », inventée et développée par Socrate 400 ans avant Jésus Christ, se trouve à être le moteur des « Secrets de la BD ». Comme il est dit sur ma plaquette de présentation : « Les Secrets de la BD » est une animation qui fait découvrir les règles de la bande dessinée. Ces règles sont simples et logiques, faciles à découvrir si l’on est bien induit. Pendant l’animation, je ne dévoile aucun secret, j’aide simplement le public à les découvrir à l’aide de questions, d’images et de jeux de marionnettes.
Un support visuel
Une des règles de la pédagogie est de faire participer le plus de sens possible. Quand il s’agit de la bande dessinée, il est évident que le sens à faire participer est la vue. Il est donc important que le coté visuel soit bien travaillé, que le matériel soit suffisamment gros pour être bien vu de tous, qu’il soit attrayant et varié. Pour toutes ces raisons, il aurait été impossible de travailler avec des bandes dessinées réelles.
Dans « Les Secrets de la BD », j’utilise en guise de pages de bande dessinée, trois planches d’un mètre de largeur sur un mètre vingt-cinq de hauteur dans lesquelles j’ai découpé des fenêtres qui représentent les cases. J’arrive à représenter sur ces trois planches trois différentes mises en pages relativement classiques avec les différents cadres que l’on retrouve en bande dessinée. Dans les fenêtres qui représentent les cases, j’y insère des images devant lesquelles j’anime parfois des silhouettes, et j’y fais évoluer des marionnettes.
La marionnette, outil pédagogique et outil artistique
La marionnette est utilisée, dans « Les Secrets de la BD », de deux façons.
Tout d’abord, elle permet de visualiser le mouvement dans la bande dessinée. La meilleure façon de faire comprendre le mouvement implicite dans la bande dessinée est de le rendre explicite, réel. La marionnette devient alors l’outil pédagogique idéal. A la fin de l’animation, je raconte une petite histoire « en marionnettes et en bande dessinée », c’est à dire que les personnages-marionnettes évoluent d’une case à l’autre comme si on lisait une bande dessinée. J’utilise alors plusieurs échelles de marionnettes pour représenter les différents plans et un masque pour le gros plan. Tout mon matériel pédagogique : planches, images et marionnettes, se transforme en petit théâtre.
Contexte concret pour l’application des théories
Après avoir « étudié » quelques règles et techniques de la bande dessinée, il est important de revenir à la raison première de l’existence de la bande dessinée : l’histoire. Une bande dessinée, ce n’est pas que des plans, des cadres, etc. ; c’est d’abord et avant tout une histoire. C’est une des raisons pour lesquelles je termine mon animation par une histoire intitulée : « Le professeur Lavi-Stress et le Mystère du Grand Pictolittéral ». On retrouve évidemment dans cette histoire, presque tous les cas de figure concrets des notions apprises dans la première partie. Ce petit spectacle sert à réinvestir et à consolider les nouvelles notions apprises. Les spectateurs auront même à décider des pages à utiliser en fonction de l’action annoncée.
Il y a différentes raisons pour utiliser une forme théâtrale pour consolider des apprentissages. Cette forme est grandement ludique, elle suscite nécessairement l’intérêt. Les apprentissages se trouvent ainsi liés à des émotions. Selon les principes de la neurologie, les émotions jouent un rôle important dans la mémoire.
Après une animation, le retour que j’ai toujours des enfants est : « C’était bien l’histoire du Grand Pictolittéral ». Ce retour me permet de savoir que l’affectif a été touché et comme ils répondent toujours bien aux questions d’ordre technique insérées dans l’histoire, je sais que leur plaisir est lié à des apprentissages.